Rapport d’enquête sur la sortie de route et l’incendie d’un autocar le 16/04/2013 sur la RD211 à La Garde

Le 16 avril 2013, vers 14h30, à la hauteur de la commune de La Garde en Isère, un autocar acheminant vers le Royaume-Uni des travailleurs saisonniers britanniques, qui circulait sur la route départementale (RD) n° 211 en direction du Bourg-d’Oisans, ne ralentit pas suffisamment à l’approche du virage, en épingle à cheveux, n° 21, poursuit sa marche en ligne droite, percute des blocs de rochers et s’immobilise en appui sur ceux-ci. Il s’enflamme immédiatement.
Cette sortie de route coûte la vie au conducteur de l’autocar concerné. Vingt-neuf de ses cinquante-trois autres occupants sont, en outre, blessés. L’un d’eux a été hospitalisé plus de 24 heures.

La cause directe de cet accident est la défaillance du frein principal de cet autocar dont les plaquettes avaient été totalement détériorées par un échauffement excessif.

Trois facteurs ont contribué à cette situation :
- le mauvais état de son ralentisseur hydraulique qui, faute d’une quantité d’huile suffisante et de bonne qualité, n’était plus en mesure de délivrer toute la puissance de freinage pour laquelle il était conçu, situation que le dernier contrôle technique obligatoire du véhicule considéré, effectué moins de deux mois auparavant, n’avait pas permis de détecter ;
- le réglage incorrect du dispositif de commande « à inertie » des freins à tambour de sa remorque, qui en réduisait considérablement l’efficacité, accroissant ainsi les sollicitations que les différents systèmes de freinage de l’autocar devaient absorber ;
- l’utilisation, en descente, du mode automatique de sa boîte de vitesse robotisée, qui ne permettait pas de mobiliser toutes ses capacités de frein moteur.
Par ailleurs, en décidant de percuter les blocs de rochers situés face à lui plutôt que de tenter de négocier le lacet n° 21, le conducteur concerné a certainement évité que les conséquences de la sortie de route de son véhicule, qui était inéluctable, soient plus dramatiques.

Au vu de ces éléments et dans la continuité des préconisations qu’il avait formulées en conclusion de son enquête technique sur la sortie de route et l’incendie d’un autocar survenus en juillet 2007 dans la descente de Laffrey en Isère, le BEA-TT recommande à la direction générale de l’énergie et du climat de compléter le contrôle technique obligatoire des véhicules de transport en commun de personnes par une vérification effective et systématique, par tout test approprié, de l’efficacité des ralentisseurs hydrauliques ou électromagnétiques les équipant.

De plus, sans formuler de recommandations formelles, le BEA-TT invite les organisations professionnelles des transports routiers de voyageurs et de marchandises :
- à appeler l’attention de leurs adhérents sur la nécessité d’assurer une surveillance et un entretien rigoureux des systèmes de freinage équipant leurs remorques dont le poids total autorisé en charge est inférieur à 3,5 tonnes ;
- à les alerter sur l’importance que revêt pour la sécurité une maintenance régulière des ralentisseurs hydrauliques équipant leurs véhicules et, notamment, une vérification, dans le cadre des opérations d’entretien courant, du niveau et de la qualité de l’huile nécessaire à leur fonctionnement ;
- à les sensibiliser aux conditions et aux limites d’emploi des automatismes de conduite dont sont dotés leurs véhicules et, notamment, aux dangers que peut présenter, dans les longues et fortes descentes, l’utilisation des automatismes des boîtes de vitesse et des systèmes de freinage.

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