Rapport d’enquête sur le déraillement d’une ramme du RER B à la station Denfert-Rochereau le 24/06/2020

Le 24 juin 2020 le train composé des rames RER MI79 n° 28188 et n° 28116 (mission PAPO94) stationne sur la voie 3 de la gare Denfert-Rochereau.
À 18 h 47 min il repart à vide pour effectuer un service voyageurs. Le poste d’aiguillage trace l’itinéraire (voie 3 vers voie 1), le signal s’ouvre et le train part. La vitesse reste faible (21 km/h pour 30 maxi).
Moins de deux minutes plus tard, lors d’un changement de voie le train déraille au passage de la pointe de l’appareil de voie n° 4621 disposé à droite : le premier essieu du bogie avant de la 6ᵉ voiture déraille par montée de roue sur l’aiguille gauche de l’appareil de voie ; le second essieu déraille avant la pointe de cœur de l’appareil de voie.
Plus loin, lors du franchissement de l’aiguille de l’appareil de voie n° 4623, l’aiguille étant disposée à gauche, les roues gauches déraillées détruisent le moteur de l’aiguille avec sans doute une action sur la tringlerie : l’aiguille se translate à droite.
Le bogie arrière de la 6ᵉ voiture et les essieux qui suivent (voiture 7) partent alors à droite entraînant le déraillement de 4 autres essieux par ripage.
Lors du déraillement, un poteau caténaire est percuté et le dernier essieu de la voiture 7 déraille. La disjonction électrique consécutive à la chute du poteau caténaire arrête le train.
Sept essieux se trouvent finalement en dehors des rails.
Le déraillement est dû à un défaut de l’interface rail-roue au droit de l’appareil de voie n° 4621.

Analyse des causes et recommandations

Les opérations de maintenance des bogies et de l’infrastructure ferroviaire ont respecté les référentiels définis et appliqués par la RATP : la périodicité des opérations et les critères techniques.
Un nombre important de constatations, d’investigations, de mesures a été réalisé sur les bogies du train accidenté, sur l’infrastructure ferrée complété par des modélisations de l’interface rail-roue et la circulation d’un train instrumenté. Cependant il n’est pas possible de décrire avec certitude les phénomènes qui ont conduit au déraillement.

Tout au plus les facteurs contributifs ont été listés dont la concomitance est sans doute à l’origine du déraillement par montée de roue :
- le profil de la roue (bourrelet) ayant déraillé ;
- la géométrie et l’usure de l’aiguille ;
- un train à vide.

La géométrie des voies (itinéraire en « S ») a pu générer de légers mouvements de caisse. Ces mouvements de caisse, qui ne sont pas la cause principale de la montée de roue, ont pu la favoriser.
Et sans que l’on puisse l’affirmer, la lame de l’aiguille de l’aiguillage n° 4621 était peut‑être légèrement décollée, sans un « décontrôle » de l’aiguille, et ainsi a favorisé la montée de roue.

En l’absence de plus amples explications sur le déraillement du 24 juin 2020, une démarche préventive visant à éviter le renouvellement d’un tel événement a été mise en œuvre par la RATP et consiste :
- à surveiller le profil des roues et l’apparition des bourrelets sur les roues en particulier, des bogies des rames du RER B ;
- et à opérer une maintenance corrective selon des critères de dimension à définir.

Les procédures de contrôle et de maintenance des aiguilles doivent être également enrichies : dès que des marques de traces de roue sont détectées avant la pointe mathématique d’aiguille (PMA), un diagnostic doit être établi et les mesures pour éliminer les contacts roue/rail dans cette zone mises en œuvre.

En parallèle, les investigations afin de comprendre les phénomènes qui conduisent à la formation des bourrelets sur les roues des rames RER MI79 pourraient être poursuivies.

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