Rapport d’enquête sur les incendies de deux bus électriques survenus les 4 et 29 avril 2022 à Paris

Le lundi 4 avril 2022 vers 16 h 00, un bus électrique de la régie autonome des transports parisiens (RATP) a pris feu sur le Boulevard Saint-Germain, à hauteur de l’arrêt « Maubert-Mutualité » alors qu’il transportait 14 voyageurs.
Le vendredi 29 avril 2022 un second bus de la RATP, du même modèle que le précédent, s’est embrasé sur l’avenue de France dans le XIIIe arrondissement de Paris, alors qu’il stationnait au terminus « Bibliothèque François Mitterrand ».
Dans les deux cas il n’y a pas eu de blessé parmi les voyageurs, mais les deux véhicules ont été complètement détruits.
Ces deux évènements ont conduit la RATP à retirer immédiatement du parc en exploitation tous les véhicules du même modèle, qui faisaient partie d’une commande de 150 véhicules et dont certains étaient en cours de fabrication.

La cause directe la plus probable de ces incendies est un court-circuit intercellules caractérisé par un emballement thermique survenu au niveau des batteries haute tension qui alimentent la motorisation de ces véhicules entièrement électriques. Les investigations réalisées ont montré que cette cause se situait au niveau du processus de fabrication des batteries. Ce constat a conduit le fabricant, en accord avec le service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs (SSMVM), à engager un rappel auprès des détenteurs de batteries du même type et des détenteurs de véhicules qui en étaient équipés.

Les investigations ont été difficiles, dans la mesure où les composants équipant les véhicules incendiés ont été détruits dans leur quasi-totalité et ne pouvaient donc plus fournir d’information exploitable.
Ces incendies se sont déclenchés sur des véhicules à technologie récente et novatrice. Ils présentent des caractéristiques particulières comme l’embrasement généralisé qui survient en quelques secondes, de grandes difficultés à les éteindre rapidement et totalement et des risques importants pour les intervenants et l’environnement direct. Le caractère novateur des technologies employées met aussi en évidence un retard dans la définition des règlementations techniques appliquées à ces véhicules modernes lors de leur homologation.

Pour ces raisons, le BEA-TT formule sept recommandations et deux invitations aux entités concernées pour éviter la reproduction de tels évènements qui, du fait de leur cinétique, auraient pu avoir des conséquences bien plus graves.
La présente enquête a été produite en relation avec le BEA-RI, qui a de son côté ouvert plusieurs autres enquêtes sur des incendies de batteries en contexte industriel. Ces enquêtes portent sur les conditions de résistance aux chocs, stockage, départs et extinction d’incendie, pour différents types de batteries.
Elle prend en considération les analyses réalisées par l’INERIS et le LCPP, et fait également état de celles menées par le constructeur. Propriétaire exclusif de la technologie impliquée, il était de façon très compréhensible le plus motivé et le mieux armé pour les réaliser, et il s’est montré suffisamment coopératif.

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