Rapport d’enquête sur la sortie de route d’un autocar le 2/09/2012 sur l’A8 à Vidauban

Le 2 septembre 2012, vers 9h25, à la hauteur de la commune de Vidauban dans le Var, un autocar transportant 42 personnes qui circulait sur l’autoroute A8 en direction de Nice dans le cadre d’une liaison régulière entre l’Espagne et la Roumanie, se met à zigzaguer, se déporte vers la gauche, traverse le terre-plein central de l’autoroute, heurte un véhicule léger qui venait dans le sens opposé, se couche sur son flanc gauche, puis ripe sur la chaussée sur laquelle il se trouve alors et s’immobilise en travers de ses trois voies de circulation, au droit du point de repère (PR) 104+300.
Projetée contre la glissière de sécurité implantée sur l’accotement de la chaussée qu’elle empruntait, la voiture percutée s’immobilise le long de cette glissière, sur la bande d’arrêt d’urgence.
Cette sortie de route coûte la vie à un occupant de l’autocar et occasionne des blessures à 36 autres dont 32 sont hospitalisés plus de 24 heures.

La cause directe et immédiate de l’accident est l’éclatement du pneumatique de la roue avant gauche de l’autocar.

Cet éclatement s’est produit par séparation de la bande de roulement de ce pneumatique de ses nappes d’armature. Il est la conséquence des dégradations importantes qu’il avait subies, au cours de son existence, sous les effets conjugués d’une utilisation prolongée en sous-gonflage, d’un choc et des anomalies qui affectaient le train roulant avant sur lequel il était monté.
Par ailleurs, les carences d’entretien que présentaient plusieurs organes de sécurité de l’autocar impliqué, l’installation sur ce véhicule d’un dispositif permettant de violer le limiteur permanent de vitesse qui l’équipait en application de la réglementation ainsi que les nombreux manquements à la réglementation européenne relative aux temps de conduite et de repos qui ont été relevés témoignent d’une prise en compte déficiente par le transporteur concerné des impératifs de sécurité, qui a joué un rôle déterminant dans la survenue de l’accident considéré.

Au vu de ces éléments et dans la continuité des enquêtes techniques qu’il a déjà conduites sur des accidents provoqués par des éclatements de pneumatiques, le BEA-TT rappelle aux entreprises de transport routier :
- la nécessité d’un suivi rigoureux des conditions de stockage et d’utilisation des pneumatiques de leurs véhicules ;
- les précautions particulières à prendre lors du remplacement des pneumatiques montés sur un essieu avant directeur afin de s’assurer de leur parfait état ;
- l’importance qui s’attache au respect des recommandations émises par les manufacturiers concernant le contrôle des pressions de gonflage des pneumatiques et l’examen visuel de leur état.

De plus, sans formuler de recommandation formelle, le BEA-TT appelle l’attention des autorités en charge de la police de la circulation et de la délivrance des licences de transport sur la nécessité d’assurer des contrôles réguliers des services de transport de voyageurs par route portant sur de longues distances afin de détecter et de mettre fin aux pratiques non sécuritaires que certaines entreprises peuvent développer. À cet égard, le BEA-TT signale au ministère de l’intérieur et au ministère des transports la société de transport qui exploitait l’autocar à l’origine de l’accident analysé dans ce rapport.

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